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Coût des énergies

(sur la base de "l'argus des energies" publié par l'AJENA en 2023)

FORTE HAUSSE DU PRIX DES ÉNERGIES, QUID DU GRANULÉ ?

Dans un contexte de crise énergétique, marquée par l’augmentation fulgurante des prix de l’électricité et du gaz, les énergies locales à un prix maîtrisé comme le granulé bois sont plébiscitées. Si certaines variations du prix du granulé sont ressenties, elles s’expliquent.

La crise que nous traversons actuellement nous rappelle, durement, que des énergies au cœur de notre vie quotidienne, comme le gaz et l’électricité, sont soumises à des variations de prix qui impactent directement nos budgets. 

Le contexte actuel est propice à l’augmentation des prix. Entre la reprise économique mondiale, post crise sanitaire, tirée par la Chine, et l’augmentation du prix du carbone, les tarifs de l’électricité pour les foyers (+12% d’ici février) et du gaz (+50% depuis le 1er janvier) se sont envolés, et le prix du fioul se rapproche du niveau élevé de 2019.

Sans compter les situations géopolitiques instables, dans lesquelles l’énergie est souvent un levier de pression pour certains pays. 

Malgré la volonté de nos gouvernements de mettre en place des mesures d’urgence pour limiter les conséquences sociales de l’envolée des prix de l’énergie, comme le « bouclier tarifaire » de Jean Castex, cette crise nous rappelle que les énergies fossiles et importées comme le gaz, ou indexées sur le prix des énergies fossiles au niveau européen comme l’électricité, sont très instables et font assez peu partie des scénarios d’avenir. Finalement, la hausse moyenne du prix des énergies est de 27% à fin novembre sur un an.

Dans ce contexte, le prix du granulé en France est resté relativement stable jusqu’à cette fin d’année. En effet, à fin octobre, l’indice des prix départ usine n’avait pas encore rattrapé le niveau d’octobre 2020 et, en cette fin novembre, il est de +1,1% pour le vrac et +0,4% pour les sacs. Plus significatif, il est encore inférieur à celui de 2019 de 3,6% pour le sac et de 3% pour le vrac.

Cette situation va probablement évoluer car la hausse de la demande met en tension les disponibilités de granulé sur le marché et les prix risquent de s’en ressentir début 2022.

En effet, si le niveau des ventes d’appareils en France avait été relativement bien anticipé, la flambée du prix des énergies ne pouvait l’être. Le corolaire de la hausse des énergies est l’augmentation sensible de la consommation de granulé des foyers déjà équipés d’appareil à granulé en appoint de leur chauffage électrique, gaz ou fioul. Ces foyers qui représentent environ 30% des utilisateurs préfèrent naturellement utiliser le granulé qui leur revient largement moins cher.

A cela s’ajoute l’effet panique de ces hausses du prix des énergies, qui a contribué à inciter certains ménages à s’approvisionner davantage en granulé par rapport à leurs besoins habituels (proportion difficile à cerner). Sans compter l’amplification apportée par certains distributeurs « insouciants » qui clament dans les médias qu’ils n’ont plus de granulé et qu’il y a une pénurie de sciure. Rappelons que nous n’avons jamais eu autant de sciure ; comme nous l’indiquions dans l'article sur la ressource de cette même Newsletter. 

D’autre part, la variable d’ajustement de l’import est également sous tension car toute l'Europe est dans la même configuration. La plupart de nos voisins ont mis en place de fortes incitations à la sortie des énergies fossiles, stimulant ainsi la demande de granulé en comptant sur l'offre de combustible. En Allemagne, on assiste à un doublement du niveau des ventes de chaudières, comme en France, mais outre-Rhin, cela représente 40 000 appareils de plus (160 à 200 000 tonnes supplémentaires de granulé nécessaires) là où pour nous ce sont « seulement » 15 000 chaudières en plus (60 000 tonnes de granulé)

Il convient de rappeler ici que le prix du granulé premium est un vrai prix de marché :  la concurrence est très forte à tous les étages de la filière, tant entre producteurs qu'entre distributeurs et le produit n'intéresse pas (encore) les spéculateurs. Le granulé voyage facilement et la concurrence est donc européenne ou même plus large. Quand la demande est faible, les prix baissent. Lorsqu'elle est supérieure à l'offre, le prix monte et un nouvel équilibre s'établit. Ces soubresauts ne signifient pas que des entreprises joueraient avec leur marge, au grès des évènements. Une faible demande veut dire des stocks importants, difficiles et coûteux à gérer, et des usines travaillant en dessous de leurs capacités, etc. Le marché se rééquilibre avec des prix plus bas. Si c’est l’inverse, c’est-à-dire lorsque la demande est supérieure à l'offre, d'autres coûts surviennent : les usines doivent fonctionner avec des équipes plus importantes, elles doivent généralement payer plus cher la matière première et assumer davantage de coût logistique.

Chacune des entreprises de la filière a sa propre structure de coûts mais il est probable que la meilleure rentabilité ne soit ni en période de très faible demande, ni en période de demande trop forte. Avant même leur rentabilité à court terme, l’objectif principal des producteurs comme des distributeurs est de servir le consommateur final.

Il reste surprenant de constater l'émotion que suscitent les variations de prix du granulé, alors qu'elles sont si modérées au regard de celles du fioul, de l’électricité et du gaz

De plus, nous avons tous la mémoire courte :  le prix moyen du granulé départ producteur d’octobre 2021 était inférieur de plus de 3 % à celui d'octobre 2019 ! C’est ce que montre l’indice des prix TTC aux clients finaux.

L’avenir n’est pas écrit. La filière subit de fortes inflations (énergie, emballages, transport). Le juge de paix reste le marché, lui-même dépendant de l'offre en granulé, du parc d'appareils, du climat et du comportement d'achat du consommateur. Il est certain que le parc d'appareils augmente. Les usines sont mobilisées au maximum. Le climat reste incontrôlé et les consommateurs sont capables de réactions en chaine pouvant vider en quelques heures aussi bien une station-service, un linéaire de pâtes alimentaires ou … la réserve d'un distributeur de granulés de bois.

Enfin, si la tension sur les volumes induit une hausse du prix du granulé, il ne faut pas non plus oublier qu’une usine de granulé fonctionne avec de l’électricité, avec des opérateurs, qu’elle utilise des produits consommables et des pièces de rechange et que, comme dans toutes les industries ces postes de charges augmentent sensiblement depuis plusieurs mois. Les fabricants de poêles de chaudières ou de conduits de fumée sont bien placés pour le savoir.

La période actuelle est marquée par une demande de granulé qui accélère sa croissance au point de se décaler avec celle de l'offre. Les investissements industriels à engager et des chaines d'approvisionnements à construire ne peuvent se faire en un jour. Ce décalage est assez faible mais cela suffit à tendre un marché, surtout si la crainte s'y installe.

A ce jour, le consommateur ne manque pas de combustible : ce sont les opérateurs de la production et de la distribution qui sont en effervescence.

Le marché est certes tendu, il se régule par les prix, dans une fourchette qui nous inquiète mais qui paraitrait si fade pour des « traders » du pétrole et du gaz.

Producteurs et distributeurs sont mobilisés pour que le consommateur en soit le moins affecté possible. A moyen terme, la seule option pour réguler au mieux l'offre et la demande est d'encourager encore plus l'utilisateur final à s'approvisionner dès juin-juillet de façon raisonnée.

Sans compter, le climat peut aussi faire varier la demande annuelle de +/ 15 %. La vie des fournisseurs de granulé n’est pas un fleuve tranquille.

La filière a connu des situations beaucoup plus complexes que celle de cette année et a poursuivi son développement. Le granulé ne perdra pas son attractivité cet hiver : il en gagnera ! Relativisons notre stress, dans le contexte économique que nous connaissons : il vaut mieux avoir à gérer une croissance trop rapide qu'un déclin. 

 

 

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